Variations musicales toute la nuit

Vendredi, dès 18 h, Place du Théâtre, un groupe de percussions et danses africaines a donné la note de la 21 Fête de la musique. Tard dans la nuit, des groupes issus de cultures et de traditions musicales hétéroclites ont animé les rues de Caen. Une fête composite, autour d'artistes surprenants. Vendredi, à 19 h 30, quelques flâneurs battent le pavé, nonchalamment. Comme chaque année, le 21 juin, les mélomanes ont rendez­vous dans les rues de la ville, pour célébrer la musique. Place du Théâtre, des groupes donnent le ton dès 18 h : mélodies et danses africaines, rock, salsa.. La 21  Fête de la musique est placée sous le signe de la diversité, de l'échange et de l'originalité. A 20 h 30, l'ambiance est encore timide : on attend davantage de groupes. Les nouveaux arrivants sortent à peine du travail. Mais pas de panique ! Ils connaissent la musique. Le temps d'un allegro et micros, sono, piano : tout est installé. Nombre de chanteurs et instrumentistes sont de vrais habitués. 

Certains d'entre eux ont même pignon sur rue. Sur la terrasse du « 23 , rue Ecuyère, Jorje, le barman, est comme un coq en pâte au milieu des « Petits pois poulet » (PPP). Le groupe, baptisé « après mûre réflexion ! » rassemble des amis : « Guillaume à la basse, Adrien à la batterie et Jean-Philippe à la guitare. Serveur sage et efficace derrière le comptoir, devant le micro, Jorje se lâche. Il clame : « J'ai des complexes ! » une reprise hardie d'un célèbre titre de Mathieu Chédid. Acclamés par leur public et inépuisables, les « PPP », chanteront encore Noir Désir, Pink Floyd et Téléphone, jusqu'à 1 h 30 du matin. Quelques mètres plus bas, paré de lunettes psychédéliques, roses, bleues, mauves, un ensemble détonant s'éclaircit.la voix. « Le Groupe du coiffeur » (installé face au salon Café coiffure), cisèle son style : « Nous faisons du rock-groove­funk », assure la pétulante chanteuse, avant d'entonner « La chanson du coiffeur » et « La pêche aux moules ». 

Petit intermède acrobatique, rue Saint-Pierre : les numéros d'un artiste de cirque. Devant les balles tricolores, les quilles et les lames étincelantes de cet habile jongleur et équilibriste, les enfants sont bouche bée, les yeux écarquillés... Passant du rock au rap, de la danse de salon à la breakdance, cette Fête de la musique composite, rythmée par un temps fort en fanfare, aura certainement été au goût de multiples sensibilités musicales.

Diversité et musiques nouvelles

Comme tous les 21 juin depuis 1982, les Français ont fêté la musique partout en France, lundi, et bien sur à Caen. Si le match France-Suisse (3-1) a quelque peu occulté la soirée jusqu'à 22h30, tout le monde a pu être satisfait car cette édition 2004 fut placée sous le signe de la diversité et de l'émergence d'une musique jusque peu présente aux Fêtes de la Musique: Le rap.

Les rues du centre ville de Caen sont calmes en début de soirée. Quelques groupes s'installent et répètent, mais la soirée ne décolle pas. Il faudra attendre que les footballeurs français concluent leur match pour voir enfin les rues se peupler de nombreuses personnes venues écouter les musiciens dans les rues de la ville. Il y en avait pour tous les goûts!

Parmi les groupes répartis dans le centre ville, du port à la rue Arcisse de Caumont, on pouvait se déhancher sur la musique de discothèque en face du canal, apprécier des airs de jazz au château, "triper" sur les soundsystèmes technos place St-Sauveur, chanter les succès français avec le karaoké d'Yvan et Danielle place de la République, décoller sur les sonorités reggae rue Arcisse de Caumont, à moins que l'on préféra suivre le défilé de Samba qui sillonnait les rues. Mais la grande nouveauté de cette fête, ce fut l'émergence et le succès de la scène rap. Le groupe Jet Set, installé sur le parvis du centre Paul Doumer, a réussi à créer une ambiance festive et bon esprit, en passant des succès du rap américain : Doctor Dre, DMX, Fifty Cent, et en interprétant leurs propres compositions. Il semble que Michelle, la patronne de l'Ubu Café, ne se trompe pas en affirmant que "si la préparation de cet événement, c'est beaucoup de travail et de bonne humeur c'est aussi l'occasion devoir ce qu'est la "vraie" musique, sans clip, et de découvrir des musiques nouvelles". Enfin, malgré les remarques un peu "piquantes" d'Elsa et de Maria, 19 ans, qui considèrent devant le rapport de densité marchands de saucisses/groupes de musique que "c'est plus la fête de la saucisse que celle de la musique", cette soirée, devenue quasiment une institution, remporta cette année encore un beau succès en dépit d'un temps qui n'était pas vraiment un temps d'été!